Артём (Artiom) vient de Владивосток (Vladivostok), de l'Extrême Est, de l'autre bout de la Russie.


Il aime Vladivostok. Mais son frère sera diplômé à la fin de l'année et ses parents le suivront ici pour ses études. Ils vendront tout à Vladivostok, voiture et logement, pour s'installer à Санкт-Петербу́рг (Saint-Pétersbourg). Parents et petit frère sont sa seule famille là-bas, il ne peut pas y rester seul. Il ne veut pas. Quand je lui demande pourquoi, je pense aux étudiants français qui n'hésitent pas à quitter leurs parents pour une ville à l'autre bout de la France. Sa réponse me rappelle soudain l'immensité du pays que je m'apprête à traverser : Vladivostok se trouve à 8 000 km de Saint-Pétersbourg et à 10 000 km de Minsk en Biélorussie, là où vit la famille de son père. On ne visite pas si aisément un proche vivant dans l'Extrême Est.


Sa maman a grandi au bord du lac Ханка (Khanka), troisième réserve d'eau douce la plus grande au monde. Elle a fait ses études à Хабаровск (Khabarovsk).

Son papa est né en Biélorussie. Il est devenu militaire. Puis, on lui a dit d'aller à Khabarovsk. Il y est allé et a rencontré la maman d'Артём. Il y est né, puis ils ont déménagé jusqu'à Vladivostok lorsqu'il avait 1 mois. Il a passé toute sa vie là-bas.


Dans le Приморский Край (le Kraï de Primorié), la région de Vladivostok, il y a deux routes principales. Quand tu t'en éloignes, tu peux être dans une ville (de 500 habitants jusqu'à 200 000) et ne pas croiser d'autres villages avant 150 ou 300 km.

Quand tu conduis, tu peux croiser un ours.


Артём me raconte tout ça. Il parle bien anglais. En plus des cours d'anglais à l'école, il a eu un prof particulier de ses 12 ans à ses 17 ans. Ensuite, pendant ses études d'ingénieur, il enchainait avec des cours d'anglais le soir.

Selon lui, si tu te contentes de l'anglais à l'école, tu ne seras pas bon. Comme en France en fait. Je comprends mieux ma surprise (que dis-je, mon désarroi) en arrivant à l'auberge, découvrant tous ces jeunes russes ne pouvant communiquer en anglais.


Артём retrouve mon français chantant lorsque je parle anglais. Il me dit que dans les prochaines villes, il faudra que je me fasse comprendre si je ne trouve personne qui parle anglais. Alors, commence une petite leçon de russe, tout en continuant à arpenter la majestueuse Saint-Pétersbourg. Спасибо и увидимся во владивостоке !