Dimitry m'accueille sur son jour de congé, il tarde à me contacter car il dort presque toute la journée.

Dimitry est grand et souriant, et pour tout il prend le temps.

Dimitry prend le temps de me faire visiter, de me montrer, de me donner les clés.

Dimitry me fait entrer chez lui. Chez lui et son chat Рыжы (Ryjy).

Dimitry me fait entrer dans sa vie et sans s'en douter, il me fait entrer en Russie.

Dimitry travaille dur, ses journées de travail durent et toute la journée il est au volant de sa voiture.

Ce que Dimitry aime, c'est l'extérieur. Il sort de la ville pour quelques heures. C'est aussi ce qui lui tient à cœur dans l'accueil de voyageurs.

Dimitry randonne dans les monts de l'East-Saïan ou bien campe sur cette île au cœur du Baïkal.

Dimitry me confie que lorsqu'il fait ces sorties, il sourit et puis il oublie.

Dimitry oublie par qui son pays est gouverné et que les droits ici ne sont pas respectés.

Dimitry oublie que le plus important c'est la corruption, que tous les autres problèmes n'en sont que les répercussions.

Dimitry oublie que la plupart des choses se jouent à Moscou, là-bas ; et qu'on ne peut pas faire grand chose pour le coup, en-bas.

Dimitry oublie qu'ici tout est monopôle, pas de choix, pas de qualité, pas d'bol.

Dimitry oublie que chez les russes cette phrase résonne ; elle résume le quotidien : "Je ne crois déjà plus en personne et je n'attends plus rien".

Dimitry parle de la Russie non sans ironie : "la nature est propre ici, la neige recouvre tout et c'est joli".

Mais Dimitry a l'habitude de se balader en ramassant les déchets, il sait comme sa nature est belle et qu'il faudrait cesser de la gâcher.

Dimitry m'emmène au Reus Café, ils viennent d'ouvrir et question sensibilisation, ce sont les premiers.

Dimitry y découvre les éco-gobelets et, pleine de naïveté, je lui dis qu'en France on les utilise depuis des années. 

Dimitry, lui, est surpris. Surpris de me voir encore étonnée..

Dimitry ne prévoit rien. Comment prévoir si l'on n'est pas certain d'être encore libre demain ?

Dimitry me fait écouter des groupes de musique censurés. Il me fait découvrir et ne cesse de traduire.

Dimitry m'emmène dans ses coins préférés, du resto Ouzbek familier aux arrières cour cachées, en passant par le circuit auto glacé pour drifter.

Dimitry devait m'accueillir trois nuits. On est à nouveau lundi, ça fait une semaine que je suis ici et c'est lui qui me remercie !