À peine installée dans l'auberge de jeunesse la moins chère d'Helsinki, je cherche une solution pour rejoindre la campagne tant qu'il est encore possible de circuler dans le pays.

J'ai trouvé sur HelpX le contact de Dennis. L'aide qu'il demande en échange du gîte et du couvert ne semble pas se compter en heures, mais en moments partagés.

Aussi, son mode de vie (maison non reliée aux réseaux) et ses projets (rassembler et partager les connaissances autour d'un projet de construction d'habitats nomades) attisent ma curiosité. Je le contacte et arrange avec lui ma venue dès le lendemain.

Le 18 mars donc, je quitte plus tôt que prévu la capitale et le CheapSleep Hostel d'où je suis à peine sortie depuis mon arrivée, deux jours plus tôt.

Commence alors un séjour à durée indéterminée en Carélie du Nord, où les expérimentations nouvelles et les connaissances partagées rythment mes journées.

Jour 1

Je descends du bus à Kitee vers 22h30, Dennis est venu m'y retrouver. Je fais la rencontre d'une personne très accueillante, au sourire des plus chaleureux.

Je découvre une partie de la maison jaune à la lumière des lampes frontales et m'endors avec la satisfaction d'avoir pu quitter Helsinki avant de m'y retrouver enfermée.

Jour 2

Je mange mes premiers repas végan (aucun produit d'origine animale), sans gluten (provient du blé, principalement) et sans sucre (ajouté), et écoute avec intérêt les raisons d'un régime alimentaire si basique.

Au cours d'une balade en forêt, je m'essaye au cri primal, c'est amusant et surtout libérateur.

J'apprends à allumer le feu dans la pièce où je dors, histoire d'avoir assez chaud au cours de la nuit.

On fabrique du pain sans gluten à la lueur des bougies, car en bonne française, j'ai déjà réclamé poliment un peu de pain au cours du dernier repas.

Jour 3

Nous allons à Joensuu, située à 70 kilomètres d'ici. C'est là-bas qu'est installé Nomadtown, le projet de constructions d'habitats nomades.

Je rencontre Anne et son fils Puru, qui nous aide à décaisser les 40 centimètres de neige pour y planter la tente.

J'apprends à couper du bois à la hache pour que l'on ait assez chaud au cours de la nuit sous la tente.

J'y déguste du vin de baies en écoutant Maro et Dennis chanter des balades finlandaises.

Jour 4

Je constate que malgré la présence d'un petit poêle à bois fonctionnant toute la nuit, il fait vraiment froid sous une tente lorsque la température extérieure est de -14°C.

Je profite de mon premier sauna finlandais et j'apprends que d'y passer 30 minutes est le moyen le plus efficace pour détoxifier le corps.

Jour 5

La déshydratation due au sauna me provoque un mal de tête, c'est l'occasion d'une séance de digipuncture et de réflexologie. Dennis me montre les points du corps à masser en cas de migraine.

On se lance ensuite dans la fabrication d'une décoction de millepertuis, idéale contre les maux de tête, puis dans celle de différents baumes. Les ingrédients récoltés dans la nature ne manquent pas ici, chacun a son utilité.

Jour 6

Les finlandais.e.s s'étant confiné.e.s avant même que leur gouvernement ne l'évoque, beaucoup d'activités sont à l'arrêt et pour nous aussi : impossible d'aller travailler au potager ou dans l'atelier bois, tous deux situés chez des ami.e.s.

Je (re)découvre la méditation lors d'une première séance de 45 minutes.

Jour 7

Nous émiettons un chaga (champignon) à grands coups de marteau afin d'en faire une décoction.

Bientôt à court de bougies nous lançons la préparation de nouvelles. Première étape : les mèches.

Jour 8

On se balade jusqu'au lac, qui semble être un super lieu de baignade lorsque la glace aura fondu.

Je pratique la méditation pour la deuxième fois ici, au cours d'une séance d'1h30. Malgré la position assise, je parviens à m'endormir. Oups, je ferai mieux la prochaine fois !

Jour 9

Nous trouvons une branche de saule verte et de la forme qui nous intéresse puis je suis Dennis qui parcourt le terrain en la tenant devant lui. J'essaye à mon tour et découvre que je suis sensible au magnétisme de la Terre : par endroits, la branche est attirée au sol et il devient difficile de la lever. C'est assez surprenant.

Jour 10

Les mèches étant sèches, je me lance dans la fabrication des bougies dans des petits pots en verre.

Dennis, lui, s'attaque à la réparation de son scooter. La voiture est devenue inutilisable pour dépassement de contrôle technique et nous avons besoin d'un moyen de locomotion pour aller à Joensuu.

Il fait nuit lorsque le scooter est près, nous reportons le voyage à demain.

J'apprends à Dennis un jeu de dés et il me fait goûter le tabac qu'il fait pousser lui-même.

Jour 11

Nous posons des tuyaux et des seaux au pied de deux bouleaux afin d'en récolter un peu la sève.

Nous faisons le trajet jusqu'à Joensuu et arrivons en ayant assez froid. Le scooter demande quelques réparations mais il a plutôt bien tenu.

Je rencontre Huck, l'ami qui vit dans la yourte. Il a allumé le sauna pour nous et nous en profitons pour nous réchauffer.

Jour 12

Nous passons quelques heures à avancer dans les travaux de la maisonnette. Il ne fait pas chaud, mais le soleil est très agréable.

Cela ne suffit pas au scooter dont les tuyaux du moteur gèlent au cours du trajet retour, bloquant ainsi la poignée d'accélération sur la position plein gaz. Dennis maintient les freins pendant que je fais le contact avec un tournevis pour démarrer le moteur avant de sauter sur la selle. Durant la suite du trajet, je découvre petit à petit la sensation de gel dans mes genoux. Ça fait très mal.

Jour 13

Nous récoltons la sève de bouleau (presque 6 litres !) et débutons la cure printanière.

Je (re)découvre le yoga lors de ma première séance ici.

Je me lave le visage avec les dernières gouttes de sève, il parait que c'est la tradition.

Jour 14

Je me joins pour la première fois à la séance de yoga matinale de Dennis : de 6h30 à 9h.

Je bénéficie d'un premier traitement : Dennis est masseur, mais c'est difficile d'appeler ça un massage vu comme c'est douloureux. "On a du travail" m'a-t-il dit. À l'aide des fleurs de Bach, nous cherchons l'origine de ces douleurs.

Jour 15

À court d'eau potable, nous contactons Piia, l'amie qui peut nous prêter une voiture pour aller remplir les bidons chez un autre ami. On profite de la visite chez elle pour faire une lessive et aller au sauna.

Au retour, je retire un peu d'argent. C'est la première fois que j'ai des euros dans la main depuis 6 mois.

Jour 16

On se balade jusqu'au barrage et on ramène avec nous quelques branches de saule pour en observer les fleurs sortir des bourgeons.

La bouteille de gaz étant terminée, on se met à cuisiner sur le feu.

Jour 17

On se balade jusqu'au lac et on trouve un ballon avec lequel on joue un peu sur la surface encore gelée.

Je parviens à rester éveillée presque jusqu'au bout de la séance de méditation !

Jour 18

On s'attaque au grand nettoyage de printemps dans la serre.

On se rend chez Eki pour que de potentiels clients puissent voir une serre dans l'atelier bois de Dennis. Vendue !

On se rend au magasin avec Piia. Elle jeûne depuis 6 jours et veut tout nous faire acheter. 

On revient avec du chocolat noir, de la glace au lait d'avoine et des bières sans gluten.

On les déguste pendant que Dennis me fait la lecture du ciel au moment de ma naissance.

Jour 19

Nous poursuivons le ménage de printemps : l'intérieur de la maison. 

J'ai le temps de faire quelques grilles de sudokus pendant que la soupe chauffe sur le feu, processus lent.

Je me fais une belle balade en forêt en écoutant des épisodes de l'excellent podcast Émotions.

Jour 20

Nous allons à Joensuu, avec la voiture de Piia (c'est un confort qui mérite d'être souligné).

J'apprends à allumer le sauna et le poêle à bois dans la tente pendant que Dennis bricole dans sa maisonnette. 

Jour 21

Nous effectuons la mission courses mensuelles en parcourant les rayons bio de différents supermarchés.

C'est le 3e jour de ma lune aujourd'hui, le jour d'une prise de décision. Je décide d'être optimiste, voie sur laquelle j'ai parcouru un beau chemin depuis le début du voyage.

Jour 22

Je remplace le yoga matinal par une belle marche en forêt.

Nous semons les premières graines de la saison : concombres, tomates cerises, poivrons, courges, maïs.

Je bénéficie de mon deuxième traitement et parviens à mieux respirer et à gérer différemment la douleur.

Jour 23

Je m'occupe de semer 200 graines supplémentaires : céleri, salades, oignons et tabac.

Nous brisons la glace à la surface du puits et j'apprends la technique du lancer de seau retourné pour remplir le réservoir de 200 litres dans la serre.

Dégustation de pancakes végan et de vin bio italien.

Jour 24

La séance de yoga matinale se termine par du yoga des yeux.

Nous mettons toutes les chances de notre côté pour maintenir la serre à bonne température : peinture noire sur le réservoir d'eau et plusieurs piles de pneus.

Nous démarrons la fabrication du vin de baie avec des aronias.

Nous tentons la fabrications de longues bougies, à la lueur de petites bougies.

À suivre...