En montant à bord du wagon n°3, c'est un beau russe que je trouve assis en tailleur sur ma couchette, la n°11. Voyant que je m'arrête à sa hauteur, il me dit "это ваша (c'est la vôtre) ?". J'acquiesce, il termine son biscuit et remonte avec agilité sur sa couchette. Il dormira jusqu'à ma descente du train, pas l'occasion de faire plus ample connaissance, dommage !


Il est 23h52 et le wagon est endormi. Seuls les éclats de voix d'un homme saoul se font entendre, un peu trop d'ailleurs.

L'arrêt dans cette gare dure, j'ai l'impression qu'on décharge des draps utilisés, des poubelles. Et on ravitaille peut-être au wagon restaurant.

La fraîcheur inhabituelle ressentie dans le train rappelle qu'il fait déjà -17°C dehors. Je me demande si le seul drap me suffira et je ne sais pas où sont les couvertures. Lorsque le train démarre, ça se réchauffe un peu. Je me recouvre quand même les jambes de mon manteau, les pieds dans la capuche.


8h17. Pas de changement d'heure cette fois, je me réveille sereine. Je regarde la fenêtre en face de moi, la bande non recouverte par le store laisse entrevoir une lumière chaude à l'extérieur. Un soleil éclatant se lève. Quelques minutes après, le temps que mes yeux acceptent de rester ouverts, je me redresse un peu et vois le défilé des bouleaux éclairés par cette lumière éclatante. Le ciel est bleu, magnifique.

Je me lève pour aller aux toilettes, en évitant les pieds nus qui dépassent, dont les propriétaires sont encore endormis. En fermant la porte du wagon, je suis saisie par le froid, me rappelant les températures négatives qui m'attendent.



En revenant, je déballe mon petit-déjeuner et fais infuser mon thé dans l'eau que je viens d'aller chercher au samovar.

Le voisin assis en face de moi me demande quelque chose, je lui réponds que je ne comprends pas et ça n'ira pas plus loin cette fois que quelques regards et sourires échangés. Je lui proposerai un bout de ma clémentine, qu'il refusera poliment.



La fin du trajet se résume à la contemplation du paysage extérieur qui défile devant mes yeux. Et ça me réjouit déjà tellement !

Le provodnik vient m'arracher à ma rêverie 10 minutes avant l'arrivée, pour m'annoncer la gare de Tobolsk. Il revient lorsque le train ralentit, et me fait signe de mettre mon manteau. Et au moment de hisser mon sac sur mon dos, j'aperçois sa tête parmi les passagers qui descendent vérifiant que j'ai bien compris où on se trouve. Aux petits soins ! 


Arrivée en gare de Tobolsk, un peu à l'écart du Transsibérien.