Il est 19h. Jeanne attend l'arrivée de son nouveau colocataire pour ses prochains mois à Нижний Новгород (Nijni Novgorod), et moi j'ai un train à prendre. À la rapidité du métro, je préfère la marche ce soir-là. Je parcours à pied les 5 km séparant l'appartement de Jeanne-Marie et la gare. Ce n'est pas la balade la plus intéressante mais j'ai le temps. Je longe de gros axes routiers, respire pas mal de gaz d'échappement et affronte de bonnes bourrasques de vent sur le pont канавинский (Kanavinskiy) qui enjambe l'Oka. Mais quelle vue !

À l'approche de la gare, une voix m'est familière. C'est l'annonce des trains aux hauts-parleurs, elle résonnait déjà avant mon départ de France, grâce aux morceaux de Thylacine.

La large tasse d'Иван Чай (Ivan Tchaï, infusion d'épilobe, populaire ici) bu avant de quitter l'appartement me force à devoir trouver les toilettes dès mon entrée dans la gare : где туалет пожалуйста ?


Puis, un coup d’œil au panneau d'affichage et direction le quai numéro 5. Je cherche le wagon numéro 5 et tends mon passeport à la provodnitsa. Ces formalités commencent à m'être familières. Dans le wagon, je cherche la place 43. Le choix était restreint lorsque j'ai acheté ma place : j'ai pris une couchette en bas et dans le passage du couloir. Je commence à connaître mes goûts en termes de couchette, et je préfère dormir en bas. La particularité de la couchette couloir du bas est qu'elle se transforme en table et fauteuils. Il faut donc attendre que la personne assise en face se décide à monter dans sa couchette juste au dessus pour pouvoir installer son lit en bas ! Mais la dame assise en face de moi ne tarde pas à rejoindre sa copine à quelques sièges de là pour partager le repas avec elle. 

J'en profite pour sortir mon petit pique-nique et aller au samovar, remplir mon mug pliable d'eau chaude, dans lequel j'ajoute un peu d'Ivan Tchaï.



Autour de moi sont installées plusieurs familles. Les enfants déambulent en pyjama et chaussons dans le wagon, ils font la tournée des autres enfants pour offrir des bonbons. Tout le monde se met très rapidement à l'aise, on quitte ses vêtements d'hiver pour une tenue confortable. J'expérimente une technique ce soir : short et débardeur déjà mis sous les vêtements. Au coucher, je n'aurai qu'à enlever mes vêtements pour être en pyjama, sans devoir à me changer dans les toilettes, ce que je ne trouve pas très pratique. Technique très satisfaisante que j'adopterai désormais !


Après le repas, j'installe mon lit. La couchette se déplie de manière instinctive, je n'ai même pas besoin de déranger mon voisin dans ses mots-croisés. Pas d'odeur de pieds, pas de ronflements, juste quelques rires d'enfants. La nuit s'annonce calme.


Calme mais courte ! Et oui, c'est dû à l'horaire d'arrivée. À 4h41, la provodnista me réveille. On sera dans une petite heure à la gare de Kazan. Tout le monde émerge, retrouve ses vêtements d'hiver. On prend soin de mettre ses déchets à la poubelle et de retirer ses draps. Et on se prépare à quitter ce petit confort en mouvement qu'est le train de nuit en Russie.


5h22. Arrivée en avance, mince j'avais pas besoin de ça, j'ai déjà assez d'heures devant moi avant l'accès à mon auberge de jeunesse ! Je retrouve la chaleur de la salle d'attente de la gare, histoire de comater encore un peu avant d'affronter la ville à la recherche d'un petit déjeuner (c'est toujours aussi sacré) ! Les premiers indices du mélange de cultures propre à la République du Tatarstan me marquent : les annonces de la gare sont faites en 3 langues, le tatar s'est ajouté au russe et à l'anglais ; et un distributeur de spécialités culinaires tatars trône dans la salle d'attente.



8h12. L'écoute de mon podcast se termine ("Backstage, le podcast" qui parle des gens de l'ombre dans le domaine de la culture : écrivain fantôme, doubleur.., que je conseille vivement).

Allez, je me lance à la découverte de cette nouvelle ville !